Wendy Wallace

La Dame des deux terres [Wendy Wallace]

1882, une jeune femme dĂ©barque en Égypte : un voyage fascinant mais terriblement dangereux


À vingt-trois ans, Harriet Heron, gravement asthmatique depuis l’enfance, n’a quasiment jamais quittĂ© Londres, pourtant fortement polluĂ©e par les fumĂ©es Ă  cette Ă©poque de la rĂ©volution industrielle. PassionnĂ©e d’égyptologie, elle convainc sa mĂšre Louisa de l’emmener Ă  Alexandrie, afin de soigner son asthme. Sa tante Yael, vieille fille bigote, sera du voyage.
Elles rencontrent au cours de la traversĂ©e un peintre sĂ©duisant, qui s’avĂšre ĂȘtre une ancienne connaissance de Louisa. ArrivĂ©e Ă  Alexandrie, Harriet est envoĂ»tĂ©e par les lieux – la jeune fille surprotĂ©gĂ©e commence enfin Ă  vivre ! Elle est toutefois troublĂ©e par le mystĂ©rieux passĂ© de sa mĂšre, et des Ă©meutes meurtriĂšres viennent perturber le sĂ©jour. Harriet devra alors surmonter son handicap et triompher du danger qui la menace.

Ce que j’en ai pensé : Fort d’une couverture trĂšs soignĂ©e et attrayante, le roman La Dame des deux terres est une perle. VĂ©ritable coup de cƓur de ce dĂ©but de l’annĂ©e, il compte parmi ses romans qui vous transportent dĂšs les premiers chapitres. De la pollution Ă©touffante de Londres aux paysages exotiques et ensoleillĂ©s de l’Égypte, embarquez dans ce merveilleux voyage riche en Ă©motions !

Au travers du regard de Harriet, le lecteur vit par procuration au rythme de la vie comme elle l’était au 19e siĂšcle pour une partie de la population relativement aisĂ©e. Les descriptions sont vivantes et captivantes, comme la partie portant sur la traversĂ©e en bateau oĂč l’on a parfois l’impression de revoir des scĂšnes du dĂ©but du film Titanic (fort heureusement sans la fin tragique !). L’arrivĂ©e en Égypte est particuliĂšrement bien Ă©crite, on sentirait presque les odeurs et l’atmosphĂšres locales, de la zone portuaire aux rues Ă©troites peuplĂ©s d’enfants indigents.

Ce roman sait surprendre le lecteur avec des moments dĂ©chirants, Ă  l’image de la scĂšne tragique rĂ©unissant Harriet et M. et Mme Cox. Entre les pĂ©ripĂ©ties inattendues, les secrets du passĂ© de Louisa et la quĂȘte de libertĂ© de Harriet, le rĂ©cit est dynamique et exempt de temps morts. Le personnage de Yael, la tante cĂ©libataire, est particuliĂšrement intĂ©ressant grĂące Ă  une personnalitĂ© complexe et une Ă©volution scĂ©naristique soignĂ©e.

Parmi les atouts majeurs de ce roman, on retiendra le choc des cultures (Occident/Orient) Ă  l’époque coloniale ; la prĂ©sence de thĂšmes centraux comme la place de la femme, le poids de la religion, l’importance des codes sociaux et de la biensĂ©ance, l’omniprĂ©sence du concept du mariage (pour les hommes comme pour les femmes).

De surcroĂźt, je tiens Ă  souligner l’utilisation pertinente et plaisante de termes Ă©trangers (en arabe, en allemand), ce qui contribue Ă  renforcer la crĂ©dibilitĂ© du rĂ©cit, conjointement avec les Ă©lĂ©ments historiques. Il est Ă©vident que l’auteure a consacrĂ© du temps aux recherches — du Caire Ă  Alexandrie, en passant par Louxor, le lecteur se plonge dans l’histoire de l’Égypte antique, notamment au travers de la passion que Harriet voue aux hiĂ©roglyphes, une activitĂ© qui s’inscrit dans sa quĂȘte visant Ă  commencer Ă  vivre, tout simplement.

Offrant un voyage dans le temps et dans l’espace, ce roman est émouvant, poĂ©tique et sensible, sublimĂ© par un style d’écriture mĂ©ticuleux et Ă©lĂ©gant. DĂ©paysement garanti !

Ma note : ♄ ♄ ♄ ♄ ♄

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